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l'art du yoga nidrā

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  (re-)découvrez l'art du Yoga nidrā, cet art indien de l'interprétation et de la connaissance de soi/Soi, qui vous mènera de surcroît vers un état d'être, sinon pacifié, plus détendu car recentré sur ce qui compte vraiment pour vous.

 Avec une manière de l'envisager adaptée à l'époque,

et à sa musique notamment : 

     un pop nidrā  ^^ 

*

 Dans la progression du Yoga classique telle que proposée par Patañjali, il est question de partir de l’éthique, puis d’exercer le corps à l’assise, avant de s’ouvrir aux subtilités du souffle, et, de diriger l’attention de plus en plus précisément sur un point, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de différence entre ce point et nous-même, la conscience de soi-même s’abolissant alors, et c’est l’état de méditation. 

 => Yoga nidrā s’inscrit vers le milieu de cette progression (qui n’est pas aussi linéaire qu’il semblerait à la décrire ici rapidement).

 Plus précisément, sa pratique correspond à cette phase qui consiste à « retourner les sens vers l’intérieur » : Pratyāhāra   Préalable aux concentrations, méditations… Attention cependant au contresens. Car ce qu’il faut comprendre ici relève a priori de l’oxymore : c’est « la conscience des " contacts " avec des objets de perception [qui] va peu à peu dévoiler l’espace d[e cette]’une non-relation. » Une non-relation depuis le coeur de l’être : un état non troublé par le jeu de ce que nous appelons « réel », non impliqué, et, qui, dans ce contexte, relève du divin. La pratique est censée nous révéler (en nous y reliant à) la possibilité d’un tel état, en soi, Turîya. Mais, au fond, peu importe que nous y voyons ou non du « divin » ou que cet état corresponde exactement aux tentatives (à prendre comme telles) de théoriser cette part de mystère. Nous pouvons tou.te.s sentir, dans certaines situations bien particulières (ou même pas) de notre vie, cette force tranquille qui semble venir de nulle part, cette confiance en la vie, cet état d’ « assise malgré tout » (…), « pour le reconnaître, le yogi doit lâcher prise sur les sensations, les émotions, les pensées, les images, les désirs et les peurs. »

Et ce lâcher prise va… passer par la conscience de la « prise » (ou de la méprise selon le point de vue ^^) :

​​

« (…) c’est la perception des phénomènes qui dévoile la conscience qui peut nous être donnée de l’ineffable. La pratique se sert du son pour révéler le silence, du support pour reconnaître ce qui est justement sans-support ni contact, conscience et joie sans objet. » Pierre Bonnasse

(Yoga-nidrâ,

La pratique du sommeil conscient, 2021, p. 181)

et :

« Le retrait » ici « ne doit donc pas être compris comme un arrêt des sens, mais plutôt comme une transcendance des perceptions sensorielles. » (même auteur, Yoga-nidrâ, 108 pratiques à conjuguer pour s’éveiller à l’infini, p.70)

« Les sens continuent de fonctionner normalement, peut-être même avec une plus grande acuité, mais l’attention, rassemblée (…) n’est plus ballotée par les impressions reçues (…)

Yoga-nidrā n’est ni une fuite ni un suicide, ce n’est pas une manière de se couper du monde, mais une façon de l’embrasser et d’en jouir pleinement, dans tout ce qu’il a à nous offrir (…) sans qu’il nous affecte vraiment. » (op. cit. p. 71)

​​

 Le « retrait des sens » dont il est question ici serait aussi, davantage un aller-retour vers la source qui nous permet de les voir à l’oeuvre, (re)devenant le témoin de notre propre manipulation mentale. Nous pourrions dire que ce qui se rétracte alors des sens, c’est «moi-je ». Cette forme de détachement est au coeur du Yoga.

 Yoga nidrā va aiguiser la vision de ce témoin-de-nous-même-que- nous-sommes, ce faisant, cette pratique nous prépare, depuis ce premier et fondamental retrait, à progresser plus léger.es dans et vers la méditation. Nous l’utilisons justement parfois dans nos cours de méditation (une fois par mois environ).

 Mathieu (notre formateur) mentionne les six instruments de la pratique dont il s’agit de voir/sentir les relations :

le corps, le sol, la gravité, la respiration, l’esprit et la détermination

(Mathieu, Dormir pour s’éveiller :

le Yoga nidra traditionnel

Editions Almora, 2018).

 déroulé d’une séance type

(50 à 70 minutes)

 

- Nous proposons tout d’abord et généralement quelques exercices posturaux doux au sol la plupart du temps (āsana), nous utilisons également des méthodes de relaxation (+-15 minutes),

- une phase préparatoire (10 à 15 minutes) à proprement parler, allongé.e au sol (savāsana), nous permet de laisser le corps rencontrer la gravité et le chemin de son immobilité (relative bien sûr) sans que l’esprit ne s’endorme ou le mental ne s’agite pour autant : des exercice respiratoires vont permettre ici de canaliser l’énergie mentale tandis qu’une présentation du nidrā, thème de la séance et son intention (Sankalpa - Bhāvanā) (…) nous déplacent possiblement vers un état de réceptivité différent

- le « tour du corps en conscience » (10 minutes au moins), dit Nyâsa, consiste à diriger et poser l’attention à / sur différents endroits du corps 

- le rêve, svapna, consiste en une série de visualisations (10 minutes au moins), le plus souvent tissées d’images archétypales, il semblerait qu'il s’adresse plus au « témoin » qu'au mental

- une phase silencieuse (environ 5 minutes) suit, où nous nous laissons porter par ce qui vient, nous (nous) laissons être

- le temps du retour (au moins 5 minutes), très doux, à notre rythme, jusqu’à

- une assise méditative (entre 5 et 10 minutes ici, elle pourrait durer trois fois plus de temps)

 la manière

 Rester alerte tout en ayant mis l’activité mentale au repos, c’est être constamment sur le fil de l’endormissement ou d’un retour à l’agitation, au bavardage du mental… Cet équilibre ténu va s’incarner dans les passages que la pratique dessine, entre veille et sommeil du corps, entre sommeil du corps et rêve, entre rêve et sommeil tout court ^^, entre sommeil et méditation (…), dans tous les cas, apprendre à être conscient de ces passages, les observer même, fait entièrement partie de la pratique.

 Un aller-retour entre sensation et vision permettra souvent d’éviter que le mental ne reparte à sa course et ne nous égare…

 

 Aussi, nous répétons, comme en méditation : 

 au sein d’une même séance, les mots, les indications sont répétés ; et, dans le cadre d’une progression sur un plus long terme, d'une pratique à l'autre.

Cette répétition n’est, bien sûr, jamais une « répétition du même », ne serait-ce que par la temporalité, différente… l’expérience d’un même nidrâ, d’une même méditation, peut donc varier, que ce au cours d’une même journée, ou d’une semaine sur l’autre.

=> Dans tous les cas : régularité, répétition, détermination, ont leur importance ici.

​​

les effets

 

=> La pratique du « tour du corps en conscience » va affiner notre perception des tensions éventuelles, sentir et voir constituant les prémisses d’un apaisement si ce n’est, d’un processus de guérison.

=> plus généralement, la pratique favorise, possiblement dès la première séance, un état de présence pacifié, moins « engagé » dans le tourbillon incessant des associations de pensées, choses à penser, faire (…) Une forme de recul salutaire advient.

=> la pratique affine aussi, bien sûr, la connaissance de soi, et plus spécifiquement, de la manière dont nous nous inscrivons dans un tissu de relations au monde depuis nos sens, nos pensées, émotions

 

=> prise dans l’ensemble, des exercices posturo-respiratoires à la méditation, ce type de pratique nous soulage, nous dénoue,

nous nous sentons reposé.es et, pressentons que nous pouvons aussi trouver (dans une certaine mesure certes et la panacée n'existe pas), en nous, la force de nous libérer de certains carcans

pour qui ?

=> Pour tout.te.s celles et ceux qui souhaitent approfondir leur pratique du Yoga

NB nous déconseillons Yoga nidrā aux grands débutants en Yoga (six mois de pratique sérieuse de Hatha yoga au moins serait conseillée auparavant)

 - celles et ceux qui considèrent qu’ils ou elles ont besoin de se relier à une forme d’intériorité, d’intimité, et qui sentent s’en être éloigné.es dans leur vie adulte pour tout un tas de raisons que nous connaissons par coeur (toutes ces… charges du quotidien notamment mais pas que, le couple performance-productivité qui régit nos vies contemporaines et ce jusque sur le terrain du Yoga !) 

 

 - si vous avez tout simplement besoin d'un repos, vous accorder une vraie pause et vous régénérer, alors que vous vous sentez fréquemment compressé.e.s de toutes parts (travail, maison…)

 

 - en cas de grosse tension nerveuse et ou de sommeil empêché, Yoga nidrā peut aider à passer à autre chose : la pratique est une excellente transition pour tou.te.s celles et ceux qui ne parviennent pas à « débrancher »

- si vous méditez ou souhaitez commencer la pratique de la méditation

 

 - si vos rêves ont une importance pour vous ^^

Pratique contre-indiquée en cas d’angoisse dans la posture allongée et ou de certains troubles psychotiques (schizophrénie entre autres), bipolaires

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 Notre fonction mentale passe son temps à recevoir des informations et à les traiter, à les analyser, les ruminer… au point que ce qui était un instrument utile peut se révéler être un fardeau lorsque trop sollicité, agité. Pas besoin des autres pour nous créer (parfois de toutes pièces) un enfer, notre mental s’en charge très bien ! Alors imaginez (mais si vous êtes en train de lire ces lignes n’avez-vous pas vraiment besoin de l’imaginer...) la conjonction des deux !

=> la pratique du Yoga nous fait prendre conscience... de ce qui prend conscience justement en nous faisant voir combien toutes ces informations sont une réalité " retraitée " en quelque sorte, pas La réalité. Voir toutes ces histoires que nous nous racontons pour ce qu’elles sont, c’est faire un premier pas, un pas de côté, et cela nous procure un grand soulagement. La pratique de Yoga nidrâ favorisant ce pas de côté, elle permet un repos essentiel.

 

=> en outre, au-delà des trois états de conscience communs à chacun.e, que sont la veille, le rêve et le sommeil sans rêve, la pratique de tout Yoga vise une libération de ces états.

Le/la yogin.i pratique en direction d’un quatrième état de conscience où l’être ne s’identifie plus au petit moi et à ses pensées : c’est Turîya. Cette notion apparaît à plusieurs endroits dans l’hindouisme et plus particulièrement dans l’Advaita Vedânta, école non dualiste qui ne différencie pas une forme de conscience individuelle d’une cause divine transcendante de la réalité, le BrahmanTurîya est la conscience d’une telle unité de conscience, conscience d’une identité. Le processus de libération consistant à ne plus se laisser emporter par l’illusion des histoires que se racontent notre mental.

 Citons également l’occurrence de ce concept dans le Shivaïsme de l’école Trika (avec Vasugupta) et le vishnouisme (védantin). 

 Nous pouvons aussi parler d’un état de « sommeil éveillé » pour décrire Turîya : la différence avec le sommeil sans rêve, dont il est proche, c’est que cet état profondément pacifié est vécu en toute conscience. Yoga nidrā vise cet état.

*

 Outre la lecture du livre de notre formateur, Mathieu, déjà cité plus haut, citons ici les ouvrages de Pierre Bonnasse, excellents si vous souhaitez affiner votre compréhension théorique, mais pas seulement, puisque nous utilisons parfois comme un véritable manuel Yoga-nidrâ, 108 pratiques à conjuguer pour s’éveiller à l’infini, aux Editions Les deux Océans, 2018.

Egalement, cité plus haut :

Yoga-nidrâ. La pratique du sommeil conscient.

Editions Almora, 2015, 2021

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